Bienvenu-e-s sous les cocoriers (ou ce qu’il en reste)

Tout ce que vous avez toujours rêvé de faire sans jamais oser le demander.
mercredi 9 décembre 2015
par  SUD Éduc

Il existe différents types d’établissements en relation avec le modèle éducatif français.

- Gestion directe de l’Agence pour l’enseignement Français à l’Etranger (AEFE) : Mêmes programmes, mêmes cursus, mêmes obligations pour les enseignant-e-s.
- Gestion indirecte. Un conseil d’administration, gère l’établissement. Ces établissements doivent impérativement remplir certains critères en collaboration avec la Mission laïque Française et/ou l’AEFE. Les élèves passent des diplômes reconnus par la France. Une partie des enseignant-e-s peut avoir un contrat français.Les personnels recrutés localement devront se plier au code du travail local et aux tracasseries administratives des services d’immigration. La plupart du temps, les contrats des Français-es recruté-e-s localement, s’inspirent des contrats français des vacataires.
- Établissements homologués. Souvent de gestion privée ou publique du pays d’accueil, le recrutement des personnels d’encadrement se fait par un CA. Ils appliquent les programmes Français et délivrent des diplômes reconnus en France. Ils peuvent recruter des enseignant-e-s Français-es, qui devront se plier au code du travail local et aux tracasseries administratives de des services d’immigration.
 
En ce qui concerne le personnel : On peut considérer que les postes à l’étranger rentrent dans une logique de recrutement privé. Il faut "se vendre", quitte à gonfler les CV et à être plus royaliste que le roi.
La Mission Laïque propose des contrats de 2 ans, l’AEFE de (3+2 pour les expatriés) de 3 ans renouvelables de façon tacite et sur avis du chef d’établissement pour un nombre de contrats indéterminés.
Il faut d’abord demander une dispo, qu’elle soit acceptée par le Rectorat de l’Académie d’origine, puis un détachement au bout de trois mois en local pour les résident-e-s. Pour les expatriés, un service spécial de l’Agence s’occupe de tout (haut de gamme oblige) et le détachement est direct.
A noter :
Cette procédure peut permettre à l’Agence ou aux Chefs d’établissement de se débarrasser facilement des personnels « indésirables » soit en contactant le Rectorat de l’académie d’origine pour leur demander de refuser le détachement pour nécessité de service, soit parle biais d’un accord défavorable du chef d’établissement. (Voir sur le site à AEFE- Personnels)

Les expatrié-e-s : recruté-e-s par l’AEFE sur dossier et après entretien.
Nous demandons la suppression de ces contrats dont les salaires plus les avantages divers (déménagements, billets d’avion, supplément familial et prime d’expatriation) représentent parfois plus de 3 fois le salaire France sans que cela se justifie si ce n’est pour "acheter la fidélité" des collègues. Depuis quelques années, l’AEFE s’est dotée d’un volant d’enseignant-e-s expatrié-e-s qui, en fait, acquièrent lentement un statut semi- administratif (invitations aux événements des ambassades et des consulats - pour les autres, ni petits fours, ni vin du pays- « restrictions budgétaires obligent »), chargés de la formation -ou déformation selon le cas- des enseignants locaux, coordination des pôles- et oui, toutes les langues, toutes les sciences etc- et interlocuteurs privilégiés chargés la plupart du temps de faire passer unilatéralement l’information verticale administration-administrés et qui deviennent de plus en plus frileux à remettre en cause les directives quelles qu’elles soient et à engager un véritable travail de réflexion pédagogique adaptée à chaque pays. On me demande de...Je fais parce qu’on me dit ou... je fais faire.

Les vrais résident-e-s :
Autrefois destinés à permettre l’emploi des titulaires de l’EN résidant depuis un certain temps dans le pays, ces poste sont de plus en plus souvent occupés par des fau-sses-x résident-e-s, vous suivez toujours ?
Pour postuler à ces postes, il faut être titulaire de l’EN et plusieurs voies sont possibles, mais travailler à l’étranger est un choix de vie qui s’accompagne d’un éloignement de la famille, des amis et nécessite un réel sens de l’adaptation dans certains cas,ne serait-ce qu’aux conditions climatiques :
Les étapes
1- Sur le site de l’AEFE les postes vacants ou susceptibles d’êtres vacants sont publiés chaque année.
2- Après avoir fait le tri, il faut aller sur le site de chaque établissement pour avoir les dates des CCPLA et envoyer un dossier à chaque établissement avant la tenue de la commission à l’issue de laquelle les candidat-e-s sont classé-e-s suivant un barème ou d’autres critères plus opaques...Un-e candidat-e classé-e 3e (voire 5e !) peut très bien être recruté après désistement, décès, maladie, changements familiaux ou de projet, des autres postulants. Donc il ne faut pas se démoraliser.

A noter
Très peu représenté-e-s, se réclamer SUDiste avant la commission n’est pas bien judicieux. De par nos positions fermes et déterminées lorsque nous nous engageons dans une résistance, ils nous craignent et ne nous aiment pas vraiment. Pour certains chefs d’établissement c’est épidermique, on leur donne des boutons. Beaucoup de collègues nous expriment leur sympathie, mais préfèrent adhérer à des syndicats plus consensuels...Oui, je me sens plus proche de vos idées que de celles de...Mais tu comprends (oui, oui, je comprends parfaitement), l’efficacité,le suivi, la carrière, je ne veux pas avoir d’ennuis. Par contre, n’hésitez pas à nous solliciter pour que nous vous mettions en relation avec des camarades "sortis de l’a clandestinité", exerçant dans certains établissements.


3- Pour tout arranger, il faut aussi savoir, que dans certains pays, les autorités locales peuvent faire une enquête et refuser le-a candidat-e, ne comptez pas trop sur un soutien diplomatique, surtout en ces temps de turbulences.
4- Le salaire est un salaire France. Après trois mois de salaire local (environ 800 euro en Inde) mais souvent assorti d’une prime d’installation, d’une ISVL (indemnité de vie locale), d’un complément familial et parfois d’un aller retour unique. Tous ces critères varient suivant le pays voir tableau sur le site hdf, réactualisé tous les trois mois.
Ne pas hésiter à demander une présentation ECRITE des conditions. De nombreux cas de collègues qui ont eu de très mauvaises surprises.

Il faut bien se renseigner sur les conditions de vie dans le pays (stabilité politique, sécurité, structures pédagogiques de l’établissement, facilités de vie en famille, coût de la vie, etc.) et ne pas hésiter à contacter directement des collègues de la matière (résident-e-s si vous allez être résident-e- expatrié-e si vous avez été retenu par l’AEFE- les écarts de salaire sont tels que nous ne partageons pas les mêmes réalités) pour avoir de plus amples informations et une idée plus précise de ce qui nous attend.
En général nous sommes assez solidaires quant à l’accueil et à l’entre- aide dans la vie de tous les jours. Dans des situations tendues, elles garantissent une intégration rapide et le moins traumatisante possible dans certains pays.

Les recruté-e-s loca-ux-les
Ce sont nos collègues du pays qui font souvent preuve d’un grand dévouement à la francophonie, s’investissent dans leur travail et ne sont pas toujours reconnu-e-s à leur juste valeur alors qu’ils deviennent la base de nos institutions.
Sous la tutelle pédagogique de nos super profs expatrié-e-s et du chef d’établissement ils font le même travail que nous pour un salaire d’enseignant-e local-e et sont souvent pressé-e-s comme des citrons, sans grande protection si ce n’est celle que les titulaires pouvons leur procurer en portant leurs revendications et en défendant leur dignité.
Ce sont nos "Routard-e-s de l’éducation", nos "Amazones" nos "Indiana Jones". Nous intégrons de plus en plus de collègues titulaires, souvent jeunes ou retraité-e-s de 55 ans pour occuper ces postes qui n’ouvrent aucun droit à la retraite et ne sont pas couverts par le système de santé Français à moins de cotiser à une caisse spéciale hors de prix. Bref, pour beaucoup, il vaut mieux qu’ils n’aient aucun problème grave. Une de nos jeunes camarades du réseau s’est vue présenter une facture de plus de 30 000 euro suite à une infection qui a nécessité une intervention lourde. La mise en réseau de toutes les informations ne permet plus de contourner le système, mais pour cette fois-ci, on a trouvé le moyen grâce à l’humanité d’un médecin.Sinon, il ne leur reste plus que la solidarité.
Ils-elles, sont souvent animé-e-s par un esprit de découverte, mais ne restent pas bien longtemps sur les postes. Il faut dire que dans certains cas, le salaire local leur permet à peine de vivre dignement.
Accepter un contrat en local peut permettre d’être prioritaire sur un poste de résident-e qui se libérerait dans la matière, certains font le choix de la patience…
Néanmoins, certain-e-s collègues Français-e-s qui ont fait leur vie dans le pays occupent ces postes qui leur permettent une autonomie financière.
En ce qui concerne les droits syndicaux, tout dépend du pays et du chef d’établissement qui jouit d’un grand pouvoir et est vraiment un personnage clef dans la représentation diplomatique lorsqu’il comprend ce qu’il est en train de vivre, ce qui n’est pas toujours le cas...
On passe beaucoup de temps à faire respecter nos statuts et à dénoncer des situations féodales favorisées, comme au temps des colonies, par un éloignement des structures administratives centrales.
Pas de médecine du travail, le bouche à oreille pour trouver un bon médecin ou un bon centre de soins sur place et des bilans de retour en France (quand on y retourne et qui font partie des joies de nos congés) sont les meilleurs moyens de résoudre les petits soucis et d’éviter les gros.
Alberto Crespo- Pondichéry-Inde