Des millions mobilisés alors que s’étendent les grèves contre Macron

vendredi 10 janvier 2020
par  SUD Éduc

Par Anthony Torres et Alexandre Lantier
10 janvier 2020

Des millions de personnes se sont mobilisées hier pour le 36e jour de la grève contre Macron et sa réforme des retraites. Cette journée d’action nationale, la première annoncée par les appareils syndicaux depuis le Nouvel an, s’est déroulée alors que de nouvelles couches de travailleurs rejoignaient le mouvement, et que la colère monte contre la tentative de Macron d’imposer sa réforme malgré l’opposition d’une écrasante majorité des Français.

Après avoir affirmé qu’il ne reviendrait pas sur le projet de réforme des retraites lors de ses vœux pour la nouvelle année, Macron a envoyé le projet de loi au Conseil d’Etat pour préparer leur présentation à l’Assemblée. Cet acte souligne la futilité de se fier aux négociations aujourd’hui entre le gouvernement et les dirigeants syndicaux. Macron n’a aucune intention de modifier sa réforme. Les syndicats utilisent ces négociations pour désorienter la lutte en colportant le mensonge que des appels moraux à la conscience de Macron pourraient changer sa réforme.
“Paris mass transit workers : no to pension cuts”

Alors que se multiplient les appels à faire dégager Macron, les travailleurs des raffineries, des ports et d’Air France ont rejoint la grève de la SNCF, de la RATP et de l’Éducation nationale lancée le 5 décembre, à présent la plus longue grève en France depuis Mai 68. La seule façon pour ce mouvement de stopper la réforme est d’organiser une lutte indépendamment des syndicats, qui négocient avec Macron, ayant pour but conscient de faire chuter son gouvernement.

De larges sections de travailleurs sont en lutte depuis un mois et demi comme chez les cheminots et à la RATP et se voient rejoindre par les travailleurs des raffineries menaçant de pénuries de carburant, des ports en grève pendant 72 heures et d’Air France. Les Antilles françaises font face à une pénurie de denrées alimentaires en raison des grèves sur le port.
“36 days on strike, we will give up nothing”

Malgré l’inaction des directions syndicales, des sections plus larges des travailleurs cherchent à rejoindre la lutte contre Macron. Des travailleurs de PSA Poissy ont rejoint le cortège parisien, alors que des appels à bloquer la Sorbonne et Nanterre circulent parmi les étudiants. Selon le Conseil national des barreaux (CNB), ses 77.000 membres ont voté à une écrasante majorité de continuer leur grève contre Macron.

D’après la SNCF 66,6 pour cent des conducteurs étaient en grève, comme 57,6 pour cent des contrôleurs et 37,4 pour cent des aiguilleurs. A la RATP hormis la ligne 1 et 14, les autres lignes tournent toutes au ralenti. A huit heures passées 375 kilomètres de bouchons était signalés sur les autoroutes parisiennes. Selon les syndicats, 40 à 50 pour cent des enseignants étaient en grève.

La question décisive pour les travailleurs est d’ôter le contrôle de leur lutte des appareils syndicaux, qui tentent à chaque reprise de retarder le développement du mouvement en avançant le mensonge qu’il sera possible de trouver un accord accepable avec Macron. Il faut construire des comités d’action, indépendants des syndicats, qui regrouperaient grévistes, « gilets jaunes » et jeunes en lutte contre Macron dans une lutte pour le pouvoir ouvrier et le socialisme contre le capitalisme.
“Everything is possible [1936 general strike slogan] the state is mafia”

Le mouvement de grève en France fait partie d’une résurgence internationale de la lutte des classes sur tous les continents. Des dizaines de millions de travailleurs indiens font grève après des grèves de masse dans l’automobile et des enseignants américains en 2019, et après des manifestations de masse en Irak suivies de l’occupation de l’ambassade US à Bagdad et une frappe par drone américaine qui a assassiné le général iranien Qassem Soleimani le 3. Il est essentiel de mobiliser les travailleurs à l’international contre le danger de guerre et pour exproprier l’aristocratie financière.

Hier 1,3 millions de travailleurs et de jeunes ont battu le pavé selon les estimations syndicales. A Paris, où plus de 100.000 ont manifesté, la police a plusieurs fois attaqué les manifestants, pour en arrêter 18. Elle a même tiré des balles de défense à bout portant. Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé également dans plusieurs autres villes dont Marseille, Lyon, Bordeaux et Toulouse.