Education nationale : le scandale des « panels » pour compter les grévistes.

mercredi 15 janvier 2020
par  SUD Éduc

13 janv. 2020 Par Pascale Fourier Blog : C’est pas moi qui l’dis....

Leur journée de salaire, tous les enseignants grévistes la perdront. Mais tous ne seront pas comptabilisés comme grévistes. C’est que le Ministère utilise un « panel » grâce auquel il extrapole les chiffres qu’il communique ensuite à la presse. Pas payés, mais pas non plus comptés : les enseignants apprécieront le mépris porté y compris à leur révolte, massive pourtant....

C’est à la fin d’un article récent très documenté d’Anthony Cortès de Marianne que l’on trouve la confirmation de ce qui s’apparente clairement à un scandale : « Contacté, le ministère de l’Education nationale confirme à Marianne ne pas prendre en compte les statistiques de l’ensemble des établissements. Seuls les résultats d’établissements triés sur le volet et jugés "représentatifs" sont dénombrés pour établir rapidement les fameux taux qui doivent être communiqués à la mi-journée. Cependant, aucune information ne filtre quant aux modalités qui ont été prises en compte au moment de l’élaboration de ce panel. Non pas par mauvaise volonté, mais parce que la création de cet échantillon semble dater de plusieurs années et qu’il est difficile de "remettre la main" sur les modalités de sélection des différents lycées, écoles et collèges, nous dit-on. ».

Pourtant, plus haut dans l’article, on apprend que tous les grévistes sont répertoriés sur la plate-forme « Mosart » pour « Module de saisie des absences et des retenues sur salaire ». Tous. Et que le salaire donc de tous les grévistes sera amputé. Et donc que le Ministère a une vue très précise du nombre de grévistes.

© Pascale Fourier © Pascale Fourier

Faire grève encore ? Oui !

A l’heure où Jean-Michel Blanquer ne cesse de parler de parler d’ « école de la confiance » et de de respect dû aux enseignants, une telle information risque de faire tache, si un quelconque enseignant avait encore quelque doute sur les capacités d’écoute de leur Ministre. Faut-il pour autant cesser de faire grève ? Non. Des chiffres bien plus justes remontent par les syndicats – et les médias seraient bien inspirés de plutôt relayer ceux-là, bien plus proches de la réalité vécue par le moindre parent d’élève – au demeurant citoyen...

Mais surtout, les enseignants seraient bien inspirés d’interpeller leur Ministre pour exiger que les chiffres connus de lui soient divulgués en vertu de la loi n° 2016-1321 du 7 octobre 2016 pour une République numérique, dite loi Lemaire, (L. n° 2016-1321, 7 oct. 2016, JO 8 oct. 2016), qui oblige l’ouverture des bases et données des autorités publiques.

Ils seraient bien inspirés de demander fermement à leurs représentants syndicaux actuellement en négociations avec le Ministre de l’Education Nationale d’exiger de lui qu’il divulgue le nom des établissements faisant partie du panel ou de cesser de l’utiliser- et de donner donc les vrais chiffres dont il a parfaitement connaissance au soir d’une journée de grève.

A défaut de réponse, pour que le Ministre puisse mieux les compter, ils seraient bien inspirés d’organiser soit une soirée commune d’occupation des établissements scolaires, soit des rassemblements à une même heure ( 18H ?) le même jour devant les mairies .

Méprisés jusque dans leur refus de se faire tondre la laine sur le dos par le nouveau système de retraites voulus par l’exécutif sans qu’aucune augmentation salariale ou indemnitaire ( là et là ) ne puisse compenser les pertes hallucinantes de retraite en vue – et cela tout en asséchant le système des retraites qui ne saurait être « à l’équilibre » avec l’incorporation des 1 546 685 fonctionnaires d’Etat et 309 142 militaires qui dépendant du Code des pensions civiles et militaires pour lesquels l’Etat cotise jusqu’à présent respectivement 74,28 % et 126,07% en lieu et place des 16,87% prévue pour tous les employeurs dans la réforme... La coupe sera sans doute plus que pleine pour les enseignants.