En Italie, la dérive autoritaire au nom du confinement

lundi 20 avril 2020
par  SUD Éduc

20 avril 2020 Par Cécile Debarge et Riccardo Antoniucci

Maires, présidents de région, forces de police mais aussi simples citoyens multiplient les discours autoritaires et les incitations à la délation. Des prises de parole qui inquiètent alors que l’Italie se prépare à l’après Covid-19.

Dans un coffre de voiture, on distingue deux bouteilles de soda à l’orange, quatre de bière et deux sacs de supermarché visiblement pleins. La photo a été postée sur Facebook par la police locale d’Albano et Castel Gandolfo, deux bourgades résidentielles à une trentaine de kilomètres au sud de Rome. Ce jour-là, les trois passagers sont verbalisés pour non-respect de l’interdiction de circuler, en vigueur depuis le 9 mars en Italie. Leur ticket de caisse remontait à une demi-heure avant le contrôle, trop de temps pour justifier une sortie pour des courses de première nécessité.

Derrière leurs écrans, les lecteurs commentent et se déchaînent, clouant au pilori ces « comportements inacceptables ». Sur la même page, cette autre photo : une voiture rouge à l’arrêt au bord d’un lac, quelques BD sur le siège passager. « Un jeune de Rocca di Papa est assis au soleil sur la route des lacs, à Castel Gandolfo, il lisait un roman graphique, il s’est justifié en disant qu’il n’y avait personne. Peut-être faut-il lui rappeler qu’il n’y avait personne, parce que ceux qui voulaient profiter de cette belle journée de soleil se sont sacrifiés pour le bien commun en restant chez eux », justifie la police municipale. Les amendes prévues peuvent aller de 400 à 3 000 euros.