« Il n’y a plus d’avenir ici » : en Afrique...

mercredi 19 février 2020
par  SUD Éduc

« Il n’y a plus d’avenir ici » : en Afrique australe, les ravages du changement climatique

Insécurité alimentaire, chute du tourisme, mort des animaux… Au Zimbabwe, en Zambie ou en Afrique du Sud, cyclones et sécheresses ont des répercussions désastreuses.

Il y a moins d’un an, en pleine nuit, la maison d’Alice Posha était emportée par des pluies torrentielles déversées par le cyclone Idai. Cette année, changement radical de décor. La grand-mère zimbabwéenne désherbe, sans grand espoir, un champ de maïs fané par la pire sécheresse depuis trente-cinq ans. « A voir les épis flétris, on va sûrement avoir une très mauvaise récolte », prévoit la volubile sexagénaire. En l’espace de dix mois, l’est du Zimbabwe a été secoué par des phénomènes climatiques extrêmes, illustrant le prix très fort payé par l’Afrique, continent le plus affecté par le changement climatique.

En mars 2019, le cyclone Idai a provoqué des inondations catastrophiques au Zimbabwe, au Mozambique et au Malawi, faisant plus d’un millier de morts, des millions de sinistrés et des dégâts considérables. « Nos poules et dindons ont tous été emportés », se rappelle la belle-sœur d’Alice, Josephine Ganye, qui dépend aujourd’hui de l’aide alimentaire. Elle fait partie des 45 millions de personnes – un nombre record – menacées par la famine en Afrique australe à cause de la sécheresse, des inondations et des difficultés économiques, selon l’ONU. « Cette crise de la faim atteint des proportions jamais vues », a averti mi-janvier Lola Castro, la responsable régionale du Programme alimentaire mondial (PAM).
Josephine Ganye dans son champ de maïs, à Buhera, au Zimbabwe, le 28 janvier 2020. Ses plants sont flétris en raison de la chaleur persistante et des faibles précipitations.
Depuis cinq ans maintenant, toute la pointe sud du continent africain, où les températures grimpent deux fois plus vite que sur le reste du globe, souffre d’un important déficit de pluies. Petits paysans et grands exploitants, éleveurs, hôteliers, enseignants… Tous sont touchés.

À genoux sur le plan financier, le Zimbabwe est de loin le pays le plus fragilisé par le changement climatique dans la région. Ici, la sécheresse s’ajoute à une liste inexorable de difficultés économiques : inflation, pénuries de liquidités, d’essence, de médicaments, d’eau, d’électricité… La vie quotidienne a viré au cauchemar. Au total, 60 % des 15 millions d’habitants du Zimbabwe sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire. Dans le district de Buhera (est), ce chiffre atteint même 80 %, selon une responsable locale, Patience Dhinda.