L’Etat détient le monopole de la violence légitime (Weber)

jeudi 6 décembre 2018
par  SUD Éduc

Weber et la violence légitime

Dans le Savant et le Politique, Max Weber forge le concept politique de violence légitime. Weber définit en effet l’Etat comme l’institution détenant le monopole de l’usage légitime de la force physique :

« un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné » (citations de Max Weber)

Le terme important de cette définition est « légitime ». Car si des personnes ou des groupes peuvent faire usage de la violence, elle n’est en aucun cas légitime. Seul l’Etat est habilité à utiliser la violence sans qu’on puisse lui en dénier la légitimité. Cela fait partie de ses prérogatives légales.Même quand l’Etat autorise les individus à user de la violence (cas de la légitime défense), les individus tiennent cette légitimité de l’Etat, sous forme de délégation.
L’Etat dans la philosophie contractualiste

Cette conception de l’Etat chez Weber prend sa source chez les philosophes contractualistes, notamment Hobbes, chez lequel l’Etat (le Léviathan) naît lorsque les individus acceptent de confier leur volonté à une force supérieure en échange de la sécurité. Or, la sécurité suppose l’usage possible de la violence contre ceux qui la mettrait en danger.

Sur le même sujet, cet article sur Mediapart.

La violence d’Etat

29 oct. 2014 Par Vingtras Blog : Vingtras

Du massacre de la rue Transnonain (avril 1834) à la tragédie de Sivens (octobre 2014), de la nuit sanglante de Clichy (mars 1937) à l’assassinat de Malik Oussekine (décembre 1986), de la noyade des centaines d’Algériens dans la Seine (octobre 1961) à l’abominable hécatombe de Charonne (février 1962)... la litanie est bien longue de toutes ces violences d’Etat qui ont jalonné l’histoire et marquent à jamais notre mémoire collective de plaies toujours vives !

Si l’on reste attentif à Max Weber, l’Etat est une entreprise politique à caractère institutionel qui a recours à la violence légitime pour le maintien de l’ordre dans la société dont il a la charge.

Mais alors, deux questions se posent : primo, quel ordre faut-il maintenir ? secundo, l’Etat est-il un mal nécessaire ?

Je répondrai ceci : primo, l’Etat ignore le droit de tout ce qui n’étant pas lui-même, se trouve en dehors de lui, et quand il le peut sans danger pour lui-même, il le viole. En ignorant la protestation des manifestants contre le projet de barrage alors que la concertation et la discussion auraient pu éviter l’affrontement, l’Etat a pris la décision de maintenir un ordre qui ne reposait sur aucun consensus.

Secundo, l’Etat a montré que sa vraie religion était l’usage de la force. Une force policière aveugle n’hésitant pas à tirer des grenades offensives sur des manifestants pacifiques au mépris de toute morale et de tout droit a été délibérément jetée contre les écologistes.

N’est-ce pas le symptôme d’un trouble profond de notre démocratie ?

J’en conclus que l’Etat n’est pas le bon juge-arbitre.

Surtout lorsque l’Etat perd la raison...

Il est la négation de l’humanité..

En aval, cette théorie traduit la définition régalienne de l’Etat, laquelle soutient que l’Etat doit se cantonner à des fonctions de sécurité et de sûreté des membres de la société. Ainsi, toute violence autre que celle de l’Etat serait nécessairement illégitime.
Anarchisme et violence

Les anarchistes s’opposent à cette conception de l’Etat : seuls les individus sont aptes à se défendre eux-mêmes. De plus, ce monopole peut dégénérer en violation pure des droits des individus. En témoignent les cas de torture (Abou Graib en Irak en est un exemple) pratiqués des militaires, c’est-à-dire des fonctionnaires d’Etat, et validée par la hiérarchie étatique. Il est cependant intéressant de noter que l’espace public (opinion publique, médias) joue un rôle de régulateur dans l’exercice de cette violence légitime, en y posant des limites (les contrevenants sont alors punis pour avoir outrepassé leur devoir). L’anarchisme affirme néanmoins que les dérives sont consubstantielles à l’Etat, la seule solution étant de détruire l’Etat purement et simplement. L’Etat est la violence.