La France est-elle en train de criminaliser sa contestation ?

samedi 6 avril 2019
par  SUD Éduc

Dans l’actualité des idées aujourd’hui, la question du maintien de l’ordre telle qu’elle se pose depuis le mouvement des Gilets Jaunes et au-delà. La France est-elle en train de criminaliser sa contestation ?

Notre invitée est la politologue et sociologue Vanessa Codaccioni, à l’occasion de la publication de Répression, l’Etat face aux contestations politiques (Textuel, 3 avril 2019). Un essai qui dénonce la répression exercée par l’Etat sur l’indignation politique, notamment par un processus de dépolitisation.

En dialogue avec Joachim Barbier du magasine Society qui revient en une sur les violences policières de ces dernières semaines à travers le témoignage du journaliste David Dufresne, qui, sur son fil twitter « Allô, Place Beauvau ? » et sur Mediapart, signale chaque débordement ou bavures des forces de l’ordre.

C’est à la fois un travail de journaliste d’investigation et de militant que mène David Dufresne, pour qui la police relève avant tout d’une affaire politique.

Pour Vanessa Codaccioni, c’est justement cette dimension politique de la contestation que les acteurs de la répression tendent à invisibiliser.

L’Etat français refuse de dire que les personnes réprimées sont des ennemis politiques. On leur enlève toute rationalité en les traitant de casseurs, de terroristes. C’est une manière de dépolitiser leur engagement pour illégitimer leur lutte. (Vanessa Codaccioni)

Cette négation de la dimension politique des luttes passe par divers moyens, parmi lesquels on peut compter une assimilation entre opposants politiques et terroristes, ainsi qu’une répression toujours plus préventive.

Aujourd’hui, la répression est de plus en plus préventive : on veut interdire les gens de manifester. (Vanessa Codaccioni)