Le faux ami des Kurdes

jeudi 17 octobre 2019
par  SUD Éduc

Les Kurdes, s’ils n’ont pas le choix aujourd’hui face à la violence de l’agression turque, peuvent se préparer à de nouvelles désillusions. Ils peuvent compter sur leur allié d’un jour pour les trahir le moment venu.

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Quand vous êtes au fond du puits et qu’une main secourable se tend, vous la saisissez. Et qu’importe si la main est couverte de sang. C’est évidemment ce que font ces jours-ci les dirigeants kurdes qui en appellent à Bachar Al-Assad pour faire barrage à l’avancée des troupes turques dans le nord syrien. Ce ne sont pas les Kurdes qui transforment ainsi le plus sanguinaire des acteurs de la tragédie syrienne en bon Samaritain (un comble dans la tradition religieuse !), mais ceux qui les ont abandonnés, États-Uniens et Russes en premier lieu. Sur ordre de Donald Trump, les États-Unis achevaient, lundi, leur retrait de la région frontalière, faisant place nette à l’offensive turque, exactement comme les troupes de Poutine avaient évacué la région d’Afrin, en janvier 2018, donnant le signal à l’entrée des chars d’Ankara dans ce chef-lieu de canton du Kurdistan syrien. Bis repetita. Au passage, souvenons-nous que Rex Tillerson, alors secrétaire d’État dans l’administration Trump, avait accompagné l’offensive turque sur Afrin d’un nauséabond « les Turcs ont le droit de se défendre », où l’on reconnaît la rhétorique qui sert habituellement d’approbation aux bombardements israéliens sur Gaza. La petite phrase annonçait déjà le lâche abandon d’aujourd’hui.