Les conflits sociaux cartographiés à l’heure du Covid-19

mercredi 6 mai 2020
par  SUD Éduc

C’est l’objectif que s’est donné le collectif Covid-entraide en réalisant cette carte participative. Il y recense les grèves, droits de retrait et autres formes de résistance de travailleuses et de travailleurs depuis le début de la pandémie.

Quel constat vous a conduits à penser cette cartographie ?

Gio : Dans le collectif Covid-entraide nous avons tous un travail à côté, moi par exemple dans l’éducation. Et déjà avant le confinement on sentait monter dans différents corps de métier une inquiétude grandissante, qui se manifestait sous forme de colères et de résistances diffuses. Ces résistances-là n’ont rien d’habituel parce qu’elles ne sont pas organisées, structurées comme les mouvements sociaux comme on a l’habitude d’en connaître en France. On a donc ressenti le besoin d’avoir une vue d’ensemble sur ces résistances, qui dépassent complètement les bastions habituels du syndicat.

Comment avez-vous procédé pour recenser ces résistances ?

On s’est principalement reposé sur le réseau des membres du collectif, qu’il soit syndical ou politique. On a aussi réalisé une importante veille de la presse, surtout de la presse locale. Désormais, cette carte est participative pour permettre de développer des relais locaux.

Comment définiriez-vous l’objectif principal de cette cartographie ?

Son objectif est de donner à voir les inquiétudes dans le monde du travail, et montrer qu’elles sont réelles, grandes, partagées. Qu’il ne faut pas avoir le sentiment d’être seul avec ses craintes, ou ridicule. Elles sont légitimes. De façon plus politique, ces luttes racontent l’incurie de l’État et des directions des entreprises, notamment en termes de matériel mis à disposition pour protéger les salariés du virus.

Quelle pérennité pour cette carte après le confinement ?

On pense justement que les items sur la carte vont exploser à partir du 11 mai, c’est presque une certitude pour moi qui travaille dans l’enseignement par exemple. Par peur de contaminer des proches ou d’être soi-même contaminé, faute de protection adéquate, beaucoup de travailleuses et de travailleurs sont déterminés à ne pas retourner au travail. Cette détermination n’a rien d’habituel et doit être racontée.