Réforme des retraites : la solution c’est l’emploi !
par
La vérité sur nos retraites (Épisode 2/10)
Jacques Littauer le 26 novembre 2019
Marre de l’intox du gouvernement sur les retraites ? Jusqu’au 5 décembre, retrouvez le billet quotidien de Jacques Littauer pour tout comprendre sur la réforme et pouvoir partir en manif avec les idées claires.
Exclu Web
L’une des plus grandes réussites de la « gauche » (de droite) et de la droite (de droite aussi) de ces dernières décennies est d’avoir isolé le fameux « problème des retraites » du reste des autres questions économiques et sociales. Or la solution d’un problème est parfois ailleurs.
Dans le cas des retraites, c’est évident. La solution, c’est l’emploi ! En effet, les recettes des caisses de retraites sont prélevées sur les salaires. Si plus de personnes bossent, et si elles sont mieux payées – ou les deux – c’est plus de pognon à verser aux vieux.
Pour cela, on dispose de tas de pistes, connues depuis des décennies.
VOIR L’ÉPISODE 1 : Réforme des retraites : Le déficit ? Quel déficit ?
Plusieurs mesures simples à suivre
Tout d’abord, responsabiliser les entreprises. D’un côté, on nous demande d’aller à l’usine jusqu’à 70 ans, et, de l’autre, les boîtes vous virent, dès 50 ans. Il y a un petit problème, là, non ? Les entreprises devraient avoir un plan d’accompagnement du vieillissement de leurs salariés, les former de manière permanente, les faire évoluer, aménager leurs tâches et leurs temps de travail au fil de leur vie. Et être lourdement sanctionnées financièrement quand elles ne prennent pas soin de leurs salariés comme elles le devraient.
Deuxième piste : le travail des femmes. De nombreuses femmes restent à la maison, ou sont condamnées au travail à temps partiel, parce qu’elles n’ont pas de solution de garde pour leurs enfants, alors que leur homme est retenu tard le soir au Bar-PMU ou à des « réunions extrêmement importantes tu comprends ». Une solution simple est d’assurer une place à chaque enfant en bas âge, partout en France, toute la journée. Et d’étendre les heures de garde à la maternelle, et à l’école primaire, partout aussi, et notamment dans les banlieues, afin de permettre aux mères de se rendre à leur travail, parfois éloigné.
Troisième piste : lutter, enfin, contre les discriminations. Savez-vous que, si vous êtes Tunisien, vous ne pouvez pas être prof de maths titulaire ? Car il faut être Français, môssieur – ou ressortissant d’un pays membre de l’Union Européenne – pour enseigner Pythagore. Et ce n’est pas que dans le public. Dans les si mal nommées professions « libérales », on s’arrange aussi pour exclure les pas Français, en leur demandant de posséder des diplômes gaulois. (Par contre, pas de problème pour les exploiter comme précaires, comme à l’hôpital). Au total, pas moins de 5 millions d’emplois sont fermés aux étrangers. Mettre fin à cette discrimination leur permettrait de bosser, et donc de cotiser à la retraite de Mamie Ginette.
Enfin, le plus évident : nous vivons dans une situation absurde où des millions de personnes sont sans emploi, tandis que des besoins fondamentaux ne sont pas satisfaits. Or le chômage tue, donc c’est un peu dommage. Des tâches urgentes, elles, vraiment, il y en a à la pelle : logements pour les millions de mal-logés ; développement massif des transports en commun ; isolation des bâtiments ; passage à une agriculture 100 % biologique…
Des mesures pas chères et faciles à mettre en place
Chères, ces mesures ? Non. Certaines ne coûtent rien du tout : les centaines de milliers de familles qui cherchent un logement en France ne demandent pas à être logées gratuitement. Elles sont parfaitement en mesure de payer un loyer pas trop débile. Et l’isolation des logements est, évidemment, très rentable à long terme. Il suffit d’avancer l’argent. Rien de plus facile puisque, actuellement, l’État gagne de l’argent quand il emprunte sur les marchés financiers (c’est dingue ? Oui. Surtout que c’est la presse capitaliste qui vous l’explique).
Et si vraiment vous pensez qu’on n’a pas d’argent, deux choses. Un : les mesures ici présentées ne coûtent, au maximum, que quelques dizaines de milliards. Deux : les entreprises bénéficient, en France, chaque année, de plus de 200 milliards d’aides publiques, sans aucun contrôle ni contrepartie, notamment en termes de créations d’emplois.
Rien que les banques ont, à elles seules, reçu 14 milliards d’euros, soit l’équivalent du budget annuel du Ministère de la Justice. Et pour quel résultat ? Je vous laisse deviner.
Conclusion : il y a plein de vraies solutions à l’inexistant problème des retraites.
Demain ➡ Pourquoi notre système de retraites est le meilleur au monde. Au moins.