Le Gisti

mardi 4 août 2015
par  SUD Éduc

L’histoire du Gisti a commencé en 1972, avec la rencontre entre des juristes, des travailleurs sociaux et des militants. Le nom « Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés » qu’il adopte alors fait écho au Groupe d’information sur les prisons créé en 1971, animé par Michel Foucault, et marque la volonté de ses fondateurs d’allier expertise juridique et action politique.

Le début des années 1970 est l’époque où la France, comme plusieurs autres pays européens, a décidé, sur fond de crise pétrolière et de montée du chômage, de fermer ses frontières à l’immigration de travail. Cette décision, prise sans aucune considération de la situation des centaines de milliers de travailleurs que le patronat français était allé chercher depuis des années dans plusieurs continents, est à l’origine de nombreux dénis de droits pour l’ensemble de ces immigré⋅e⋅s. Au-delà des droits des personnes concernées, c’est l’État de droit qu’entend défendre le Gisti.

Au cours des années 1980, l’arrivée de la gauche au pouvoir ne modifie pas radicalement la donne, et les combats restent toujours aussi nécessaires pour faire progresser les droits des étrangers et étrangères et pousser les gouvernements successifs à respecter les engagements internationaux de la France (droit d’asile, droits des enfants, droit de vivre en famille...). Les luttes et les campagnes se succèdent : pour la régularisation des sans-papiers, l’égalité d’accès à la protection sociale, le droit de vote, le droit de mener une vie familiale « normale », etc ; contre l’enfermement et les expulsions, la politique de visas, la surveillance militarisée des frontières, la gestion utilitariste des migrations...

Au milieu des années 1990, la publication de la « Lettre ouverte à Lionel Jospin » marque l’engagement du Gisti pour la liberté de circulation, qu’il place désormais au centre de ses revendications, au même titre que l’égalité des droits, et qui oriente son analyse des politiques migratoires.

Les objectifs du Gisti sont rappelés à l’article 1er de ses statuts :

réunir toutes les informations sur la situation juridique, économique et sociale des personnes étrangères ou immigrées ;
informer celles-ci des conditions de l’exercice et de la protection de leurs droits ;
soutenir, par tous moyens, leur action en vue de la reconnaissance et du respect de leurs droits, sur la base du principe d’égalité ;
combattre toutes les formes de racisme et de discrimination, directe ou indirecte, et assister celles et ceux qui en sont victimes ;
promouvoir la liberté de circulation.

Dès l’origine, le Gisti a refusé d’être cantonné dans un rôle de technicien du droit et a pris part au débat public à chaque fois que cela lui a semblé nécessaire. Il a acquis dans son domaine au fil des années une crédibilité qui explique son audience auprès des institutions publiques, de la presse, des milieux juridiques et du monde syndical et associatif en France. Petite par sa taille (à peine plus de 200 membres) et le nombre de ses salariés (9), l’association doit l’essentiel de sa notoriété à l’implication intense de ses membres dans les différentes formes de son activité.